5 minutes avec Michael Loose, CEO d’Investissements Fonciers SA (IFSA)

04/07/2022

Immoday

Olivier Toublan

5 min

Pour l’entretien '5 minutes avec' d’aujourd’hui, nous accueillons Michael Loose, CEO d’Investissements Fonciers SA (IFSA), la direction du fonds de placements immobiliers La Foncière

 

5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.

 

Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique, Michael Loose vous avez travaillé dans le monde entier. Expliquez-nous comment on commence sa carrière au Chili pour arriver aujourd'hui à la tête d’IFSA ?
 

Grâce à l'architecture ! Dès mon adolescence, j'ai voulu découvrir le monde, pas seulement pour voyager, aussi pour y travailler. Mais comment atteindre cet objectif, quand on habite dans un petit village près de Stuttgart ? Après avoir hésité entre le droit et l'économie, avec un apprentissage bancaire à la Deutsche Bank, j'ai choisi l'architecture. J'ai eu l'opportunité de faire un stage à Lausanne, et j'y suis resté avec, au bout, un diplôme d'architecte de l'EPFL.

 

Et les voyages ?
 

J'ai passé mon diplôme dans les années 90, à une période où il n'y avait pas beaucoup d'opportunités attractives en Suisse pour les jeunes architectes. Donc, je suis parti au Chili, pour travailler sur le projet de télescopes géants de l’ESO (European Southern Observatory). Je faisais partie d'une équipe chargée de la construction des télescopes et des résidences pour les scientifiques dans le désert d'Atacama – qu’on connait d’ailleurs aussi du James Bond, Quantum of Solace. L’endroit est particulièrement isolé. On vivait dans des containers. Après 4 ans, une fois le projet terminé, je suis retourné en Europe.

 

Avant de repartir en Chine.
 

Je travaillais chez Siemens Real Estate, où je me suis rapidement retrouvé responsable du projet du nouveau siège de Siemens Chine à Pékin, avec comme objectif de développer une tour qui marque la présence du groupe en Chine, ce qui va m'occuper pendant plus de 2 ans, de 2002 à 2004.

 

Ensuite, si j'en crois votre CV, c'est le retour en Suisse, chez UBS.
 

Après la Chine, je suis retourné en Europe chez Siemens Financial Services, où je m'occupe de la partie du parc immobilier du groupe transférée dans sa caisse de pension. Ce sera ma première expérience en gestion de portefeuille immobilier pour des investisseurs institutionnels. Au vu de la forte croissance et de la taille du portefeuille et considérant que l'immobilier n'était pas son core business, Siemens cède une majorité des parts de la société de direction du fonds à UBS. Je conserve mon poste mais je change d'employeur.

 

Vous allez rester presque 10 ans chez UBS.
 

J'étais en charge de l’entité responsable pour tout ce qui était construction, développement et mise en valeur du parc des différents fonds immobiliers européens (hors CH) destinés aux investisseurs institutionnels. Tout cela représentait un portefeuille immobilier d'une valeur de 7 milliards de francs avec des actifs dans 17 pays. C'est à cette époque aussi que je vais déménager à Genève, ma femme travaillant à l'ONU.

 

Après la finance et les fonds de placement, vous opérez un virage étonnant, en passant chez les CFF, en 2014 !
 

La crise de 2008 était aussi une crise pour les fonds immobiliers allemands et pour UBS. Donc les circonstances avaient beaucoup changé et après 10 ans je voulais me développer dans un poste à responsabilité plus stratégique qu’opérationnelle. Aux CFF, j'étais chargé du portefeuille de toutes les gares en Suisse, et en particulier du développement stratégique des grandes gares comme Zurich, Berne ou Lausanne, soit un revenu locatif d'environ total de 330 millions de francs, grâce aux bureaux, commerces, restaurants, etc.

 

Ça ne devait pas être passionnant, puisque vous n'êtes resté que 3 ans aux CFF.
 

Mon épouse a été promue à un poste important aux Nations Unies à Nairobi. En 2001, elle m'avait suivi à Pékin. A mon tour, en 2017, j'ai décidé de la suivre au Kenya où je me suis retrouvé à développer de l'immobilier commercial et résidentiel, d'abord pour une franchise de Coldwell Banker Real Estate, puis pour mon propre compte. Avec deux partenaires locaux, nous avons créé une société immobilière pour le développement, la commercialisation et la gestion d’appartements modernes afin de répondre à la demande des expats.

 

Et finalement, nouveau retour en Suisse en 2022.
 

Le mandat de mon épouse au Kenya étant terminé, nous sommes retournés à Genève. J'ai réactivé mon réseau et des chasseurs de tête m'ont contacté pour le poste de CEO de la direction de fonds Investissements Fonciers SA en prévision du départ à la retraite d’Arnaud de Jamblinne. J’ai participé avec succès au processus de recrutement.

 

Après des grands groupes comme Siemens, UBS ou les CFF, La Foncière n'est pas un peu petite pour vous ?
 

Au contraire, je ne voulais plus me retrouver dans un grand groupe. Trop d'administration, trop de niveaux hiérarchiques, trop d'inertie. Il me fallait une entreprise plus petite avec un environnement entrepreneurial dans lequel on peut rapidement décider et avancer.

 

Pour vous, c'est quoi La Foncière ?
 

C'est la « grande dame » très respectée parmi les fonds immobiliers suisses avec une stratégie claire et équilibrée dont elle ne dévie pas, soit une politique d'investissement défensive, une grande attention à la qualité de son portefeuille immobilier extrêmement bien géré et des rendements réguliers et attractifs. C'est aussi un acteur responsable, avec tous ses partenaires.

 

Sur le plan personnel, qui êtes-vous ?
 

Je suis né en 1968, père de famille, avec trois enfants adolescents. J'habite actuellement à Genève. Je me considère comme un global citizen, très intéressé par les différentes cultures, les différentes manières de travailler dans les pays du monde, avec toujours l'envie de découvrir de nouvelles choses. Je n'aime pas rester trop longtemps dans ma zone de confort. Ce qui explique en partie ma carrière internationale.

 

Justement, quand on analyse votre CV, on se rend compte que vous ne restez jamais longtemps en Suisse. Ça sera aussi le cas pour IFSA ?
 

J'ai vécu des expériences professionnelles sur les quatre continents, et je n'ai plus autant la bougeotte qu'avant. Je sens un très grand potentiel de développement et je vois beaucoup de choses à faire, je ne pense pas que je vais m’ennuyer.

 

Olivier Toublan, Immoday