5 minutes avec Marc-Henri Bujès, directeur chez Immoday

21/02/2023

Immoday

Olivier Toublan

5 Min

Pour l’entretien '5 minutes avec' d’aujourd’hui, nous accueillons Marc-Henri Bujès, directeur chez Immoday

 

'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.
 

Marc-Henri Bujès, qui êtes-vous ?
 

Je suis père de 6 enfants et directeur de Immoday depuis maintenant presque trois ans.

 

Quand je pose cette question, les gens me répondent d'habitude uniquement par leur titre professionnel. Vous, vous commencez par votre famille.
 

C'est qu'elle tient une place essentielle dans ma vie. Par ailleurs, avoir une aussi grande famille change vos priorités. Par exemple, le futur devient très important, on prête beaucoup plus d'attention à l'avenir de notre planète, ce que les investisseurs appellent aujourd'hui la durabilité. Un thème devenu extrêmement important dans l'immobilier.

 

Quand même, six enfants, c'est beaucoup.
 

Effectivement, il n'y a plus beaucoup de familles de cette taille en Suisse. C'est énormément de travail, ça nécessite de bien savoir s'organiser. Des qualités qui sont aussi utiles dans le monde professionnel.

 

Marc-Henri Bujès, quelle est votre formation ?
 

Ma famille est arrivée de France, pour des raisons professionnelles, quand j'étais enfant. J'ai fait toutes mes écoles dans le canton de Fribourg, puis j'ai commencé des études de droit à l'université. Parallèlement, pour financer ces études, j'ai travaillé et créé une petite entreprise, dans l'informatique, avec des amis. À cela s'est ajouté pas mal de temps sur les terrains de basket, avec un passage en Ligue B. 

 

Les études, deux métiers en parallèle, le basket, c'est beaucoup, là encore.
 

En effet. D'ailleurs, j'ai un jour décidé de me recentrer. J'ai alors commencé ma véritable carrière professionnelle, arrêtant le basket et ma société j’ai débuté chez S&P Fund Services, c'était en 2000. Je vais y rester un peu plus de 3 ans. Ensuite je vais faire des passages chez J.P. Morgan et chez Exane, où je vais m'occuper de la vente de produits structurés aux gérants indépendants, banques et institutionnels, essentiellement en Suisse allemande. Le travail était intéressant, tout comme la rémunération, mais il était compliqué d'avoir une vie de famille. J'ai donc quitté Exane, pour rentrer à la Banque Syz, en 2008.

 

Avec quelles responsabilités ?
 

D'abord la vente de leur fonds Oyster, toujours en Suisse allemande, puis dans le support, pour aider les vendeurs, et répondre aux demandes de due diligence des clients. Un domaine qui a pris de plus en plus d'importance avec le temps. Un travail intéressant, mais après quelques années, en 2014, j'avais envie de retourner sur le front, à la vente, au contact des clients. J'ai donc travaillé dans plusieurs entreprises, et en particulier pour la Fondation Prisma. Avant de rejoindre le projet Immoday, début 2020.

 

Vous avez eu une dizaine d'employeurs durant votre carrière, là encore, c'est beaucoup, non ?
 

J'ai besoin que mon travail soit utile, qu’il ait un impact, qu'on me fasse confiance et qu'on me laisse une certaine liberté. Ce n'est pas le cas chez tous les employeurs, alors je préfère m'en aller rapidement.

 

Je ne vois pas non plus le lien avec l'immobilier.
 

Il y a d'abord un lien familial, puisque mon père était architecte. Il a construit plusieurs immeubles en France. Ensuite, quand j'ai travaillé pour la Fondation Prisma, parmi les compartiments que je devais vendre, il y avait le Prisma Previous, investissant dans le résidentiel suisse. Ce fut mon premier contact avec le secteur.

 

 
Aujourd'hui, vous êtes directeur d'Immoday. C'est quoi exactement ?

 

Immoday, c'est le média de l'immobilier indirect en Suisse, publié en français et en allemand. Nous parlons des acteurs du secteur, de tous les outils financiers qui s'intéressent à l'immobilier, que ce soient les fonds cotés, non cotés, les sociétés immobilières ou les SCmPC. Sans oublier tout ce qui touche au cadre règlementaire ou aux nombreuses thématiques d'actualité, comme l'ESG. 

 

Immoday a été lancé il y a maintenant presque 3 ans. Est-ce que ça marche ?
 

Nous sommes encore une start-up, nous progressons tous les jours. Depuis notre lancement, nous avons beaucoup évolué, amélioré notre site, l'avons enrichi et nous avons multiplié les partenariats. Et ça marche, puisque nous sommes désormais reconnus par les professionnels du secteur, mais aussi par des gens que l'on ne pensait pas être, à priori, intéressés par l'information sur l'immobilier indirect, comme les régies immobilières, certaines fintechs et même des particuliers qualifiés, propriétaires de parcs immobiliers, qui trouvent sur notre site des réponses aux questions qu'ils se posent.

 

Comment est financé ce nouveau média ?
 

Par la vente de publicité, mais aussi par le soutien de nos partenaires, comme la Banque cantonale vaudoise, PwC, Solutions & Funds, IMvestir, VO Consulting, Python et COPTIS, l'association suisse des professionnels en titrisation immobilière. Cette association, qui représente toute la branche, s'est rendue compte qu'il y avait un besoin d'information sur l'immobilier indirect, qui, malgré son intérêt pour les investisseurs, n'est pas une catégorie d'actifs très connue, même des professionnels.

 

Comment va évoluer Immoday ?
 

Tout va dépendre de son succès. Pour l'instant, l'objectif est de consolider ce que nous avons fait jusqu'à présent, avant de passer aux prochaines phases de développement. Nous allons donc, ces prochains mois, plutôt nous concentrer sur des améliorations techniques et sur le financement du site, en améliorant sa commercialisation. 

 

Marc-Henri Bujès, revenons un peu à vous. Quels sont vos principaux traits de caractère professionnels ?
 

Je suis flexible, enthousiaste, convaincant et convaincu, quand je vends des produits qui me plaisent. D'ailleurs je ne crois pas que j'arriverai à vendre quelque chose qui ne me plaît pas ou qui ne me convainc pas.

 

Et vos principaux traits de caractère personnels ?
 

Je suis pugnace, ce qui est nécessaire dans la vente, mais aussi dans mes activités sportives, la course de fond en montagne (trail). Au bout d'un moment, quand on atteint un certain seuil de douleur et fatigue, c'est la tête qui prend le relais, et, sans une certaine pugnacité, on n'arrive jamais à passer la ligne d'arrivée. 

 

La course, c’est votre passion ?
 

J'étais déjà assez sportif - comme je vous l'avais dit j'ai fait du basket en ligue B dans ma jeunesse - mais le trail est une passion qui m'a pris sur le tard. Je ne pourrais aujourd'hui plus m’en passer. J'aime les courses longues, de plus de 100 km, la plus extrême étant l'UTMB, l'Ultra trail du Mont Blanc, 170 km de course avec 10’000 mètres de dénivelé. Je suis très content de l’avoir terminé en 2021.

 

Ça paraît quand même un peu extrême. Quelle est votre motivation ?
 

Ces très longues courses sont particulières. Assez vite, il n'y a plus de spectateur, on se retrouve seul, dans une vallée ou sur une montagne, à traverser des paysages magnifiques, de jour mais aussi de nuit, et à rencontrer des gens incroyables. Elles permettent également d'en apprendre énormément sur soi-même. En plus, depuis quelques années, je fais aussi des courses avec mon épouse et quelques-uns de mes enfants, ce qui permet de passer des moments assez extraordinaires ensemble.

 

Et la question finale qui clôt tous nos entretiens : si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à votre parcours professionnel ?
 

Comme je suis aujourd'hui la somme de toutes mes expériences, je ne changerai rien. Ou peut-être si, une chose : je ne m'engagerai pas dans des études de droit, qui ne m'ont pas emmené dans la direction souhaitée, mais plutôt dans des études d'économie.


 

Olivier Toublan, Immoday