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Interview
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6 min
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Mathias Rinka
Pour l’entretien '5 minutes avec' d’aujourd’hui, nous accueillons Carine Hayoz, co-présidente de wipswiss et fondatrice d’all arch projektentwicklung & beratung
'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.
Carine Hayoz, pouvez-vous vous présenter?
Je suis depuis 2015 la gérante de la société de développement de projets et de conseil en immobilier all arch, basée à Berne. Je fais en outre partie d’un réseau de femmes cadres dans l’immobilier et j’œuvre à leur visibilité. Enfin, je suis co-présidente du réseau wipswiss, qui fête cette année ses dix ans d’existence.
Quelle formation avez-vous?
En 1995, j’ai achevé mes études d’architecture à l’EPFZ, puis j’ai complété mes connaissances techniques en urbanisme en 1998 par un séjour à l’Université Columbia à New York. En 2017, la fièvre des études m’a reprise et j’ai fait un master en gestion immobilière à la HWZ.
De par mes activités dans la planification et l’architecture, j’ai accès à un vaste réseau dans la région de Berne et de Zurich dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture, de l’ESG, de l’économie circulaire, de la prospection de marché, de l’innovation et de la durabilité, et je m’efforce de rester toujours à la page. Au début de mon activité indépendante, ma formation en gestion immobilière à la HWZ m’a permis de comprendre dans le détail le marché immobilier et les décisions de placement.
Pendant mes études d’architecture comme pendant mon master, les femmes étaient largement représentées (40 à 50% des effectifs), mais on ne retrouve pas cette proportion dans les postes de cadres. J’y vois une occasion, pour wipswiss, de former des équipes de femmes et de les encourager dans la durée.
Qu’est-ce qui vous attire dans le milieu du bâtiment et de l’immobilier?
Personnellement, ce que je préfère dans mon travail au quotidien, ce sont les résultats que l’on peut tirer de la planification dans la pratique: concevoir des espaces urbains, des complexes et des édifices et les voir ensuite réaliser, suivre et accompagner tout le processus, tout cela est très enrichissant. En tant qu’architecte, je suis habituée à planifier des développements de projets et de complexes innovants et durables et à élaborer une stratégie commune avec les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre. Et dans le même temps, je suis pour une culture de la planification qui place l’humain au cœur des processus. Parce qu’au final, «it’s all about people». Nous l’observons aussi chez wipswiss. En coopérant et en s’appuyant sur un solide réseau, il est possible de s’épanouir, de gagner en assurance et de donner le meilleur de soi-même.
Vous êtes engagée depuis plusieurs années dans le réseau wipswiss. Pour quelle raison?
Cette année, wipswiss fête ses dix ans d’existence. Je suis ravie d’y participer en tant que co-présidente et fière de voir comment le réseau s’est étoffé au fil des ans, jusqu’à compter aujourd’hui plus de 300 membres à travers toute la Suisse. Cela montre à quel point les femmes du domaine de l’immobilier ont besoin d’échanger, mais aussi d’être reconnues du grand public. Nombreuses sont celles qui apprécient particulièrement les échanges professionnels aussi bien au sein du métier qu’avec des personnes de tous bords. Auprès de femmes remarquables, elles glanent des idées et de l’inspiration pour leur évolution professionnelle et peuvent lancer des projets communs et des coopérations dans ce réseau de femmes.
«Créer du lien, rendre visibles et intégrer», tel est le mot d’ordre sur lequel est né wipswiss il y a dix ans, et on peut voir que nos divers formats d’initiatives ont été largement adoptés. Rencontres en personne avec possibilités de mise en réseau, Food for Thoughts, Empowerment Sessions, programmes de mentoring, etc. Notre offre est aussi diverse que nos membres, et le réseau est très actif et continue de grandir. C’est merveilleux à voir et c'est formidable de faire partie de cette enrichissante communauté.
Selon vous, à quoi ressemblera le secteur de l’immobilier dans dix ans, surtout par rapport au numérique et à la question du genre?
Dans dix ans, il s’agira encore de donner aux femmes davantage de visibilité. Dans dix ans, il faudra veiller encore plus qu’aujourd’hui à l’utilisation ciblée et bien dosée des réseaux sociaux. Mais les contacts personnels et donc les réseaux de qualité seront plus importants que jamais. Après la crise du coronavirus, l’engouement pour les manifestations en personne ne se dément pas. Avec notre offre étendue d’événements en ligne et en personne, nous souhaitons réunir le plus de connaissances innovantes et actuelles, puis permettre le réseautage lors d’apéritifs. Au Comité directeur, nous évoquons régulièrement cet exercice d’équilibriste et le choix de la meilleure configuration. Le travail d’équipe est extrêmement constructif et fructueux.
À propos de la grande thématique ESG: où se trouvent selon vous les principaux leviers d’action en termes de diversité pour la partie S (social) et la partie G (gouvernance)?
wipswiss conseille régulièrement les entreprises qui souhaitent promouvoir la diversité au sein de leur Comité directeur et de leur Conseil d’administration. Nous disposons en effet d’un immense vivier de spécialistes de l’immobilier extrêmement qualifiées et nous nous réjouissons chaque fois que pouvoir contribuer à la diversité en mettant les personnes en contact. Évidemment, les demandes s’effectuent en toute discrétion et dans le respect des règles de protection des données. Toute entreprise qui place des femmes à des postes de direction récolte longtemps les fruits de son engagement durable et social. Tout ce qu’un employeur investit dans l’égalité de traitement, la sécurité et la santé, mais aussi pour la rémunération en fonction des résultats et l’équité salariale, agit de manière décisive pour la réussite de son entreprise. Car il est clair que l’ESG, et surtout le S et le G, sont là pour rester. Nous avons pu observer l’effet positif des équipes mixtes, et avec la génération maintenant adulte, la perception de soi ainsi que les exigences par rapport à sa propre activité ont changé, dans l’immobilier bien sûr, mais aussi ailleurs. D’où notre satisfaction de voir dans nos rangs des femmes qui ont réussi, qui font figure de formidables modèles et qui clament haut et fort: Regardez, tout va bien! Elles font preuve de courage, sont une source d’inspiration pour les autres et font avancer la cause de la diversité. Au Comité directeur, nous en sommes tous persuadés, tout comme les nombreux membres de wispswiss!
Mathias Rinka