5 minutes avec Alexia Gillard, co-directrice de Khephren

25/04/2022

Olivier Toublan

Immoday

5 min


Pour l’entretien '5 minutes avec' d’aujourd’hui, nous accueillons 
Alexia Gillard, co-directrice de Khephren

 

'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.


Alexia Gillard, parlez-nous un peu de vous. Qui êtes-vous ? 


Aujourd'hui, je suis co-directrice de Khephren, une entreprise fondée il y a 5 ans, qui développe des logiciels pour les professionnels de l'immobilier. Cet outil permet la consolidation sur une seule plateforme de toutes les informations nécessaires à la bonne gestion d'un parc immobilier, avec l’ensemble des données financières mais aussi des indications sur la consommation énergétique des bâtiments, ou les investissements nécessaires sur le long terme pour les rénovations.

 

Et ça marche? 


La version actuelle fonctionne très bien, avec un accès en ligne - plus besoin de l'héberger sur son propre serveur - et une bonne ergonomie, qui permet une utilisation facile.  En outre, le logiciel est en constante évolution, car il y a toujours des développements, des améliorations à faire, des nouvelles utilités à ajouter.
 

Khephren, c'est une grande entreprise ? 


À ce jour nous sommes 4 collaborateurs et des développeurs avec l'ambition de grandir. Nous allons d'ailleurs prochainement ouvrir un bureau en Suisse allemande.
 

Quels sont vos principaux concurrents sur ce marché ? 


Quelques logiciels étrangers proposent des fonctionnalités semblables, mais ils ne sont pas vraiment adaptés aux spécificités du marché suisse. Sinon, notre plus gros concurrent reste Excel, avec lequel beaucoup de gestionnaires de portefeuilles immobiliers travaillent encore. Nous devons donc les convaincre que notre solution est plus rapide, plus efficace, plus sûre, et qu'elle reste néanmoins souple, facilement paramétrable pour répondre à leurs besoins spécifiques.
 

Être co-directrice de Khephren, c'est un poste intéressant? 


Sans aucun doute, car c’est très diversifié. D’une part, les améliorations constantes du logiciel, de l’autre, la partie commerciale, avec la rencontre de nos clients et de nos partenaires, sans oublier la gestion de l’entreprise et de son développement. Il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup à développer, des nouveaux clients à persuader. J'aime ce côté entrepreneurial, prendre des risques.
 

Revenons à peu à vous, quel est votre parcours professionnel ? 


Je viens d'une famille d’architectes. J'ai d'ailleurs voulu suivre leur voie, et je m'étais inscrite à l'’EPFL en architecture, mais, au dernier moment, j'ai bifurqué vers la finance et le management, en optant pour HEC Genève. Après mes diplômes, j'ai travaillé un an, en 2003, chez HP, à Genève, mais je n'ai pas trouvé l'expérience très intéressante. J’ai donc décidé de compléter mes études par un master à l'Institut d'Etudes immobilières.
 

 

Retour, donc, dans l'immobilier? 


Effectivement, et, depuis, je n'ai plus quitté le secteur. Après mon master, je suis entrée chez Acanthe, une filiale du groupe Naef, spécialisée dans les expertises immobilières et les analyses de marché. J'ai commencé comme stagiaire, et j'ai fini, 13 ans plus tard, sous-directrice. Ensuite, je me suis lancée en tant qu'indépendante, toujours dans l’expertise immobilière, avec une amie qui faisait du courtage. Cette expérience enrichissante a duré un peu moins 2 ans.
 

Vous avez été aussi gestionnaire de fonds immobilier? 


Après mon expérience d'indépendante, j'ai été recrutée par Procimmo, en 2018, où j'ai géré le fonds Polymen, dont le management venait d'être repris. Ce fut, ici encore, une expérience vraiment intéressante. J'ai eu l'occasion d'apprendre de l’intérieur comment fonctionne un fonds immobilier coté en bourse. En mai 2020, j'ai accepté de devenir co-directrice de Khephren et j’ai la chance de partager cette fonction avec Stéphane Ricci qui apporte ses connaissances IT. A noter encore que, professionnellement, je suis aussi membre du conseil de la Fondation HBM Jean Dutoit, où je suis dans le concret, avec le suivi des projets immobiliers. Et je suis également administratrice de la Banque Raiffeisen Genève Rive Gauche.
 

Quelles sont vos passions dans la vie? 


Le ski, la montagne, et les randonnées en été. J'aime aussi beaucoup voyager. Juste avant d'entrer à l'université, en 1998, j'ai pris une année sabbatique, et je suis partie en Birmanie, puis j'ai exploré les pays de l'Est. Aujourd'hui, quand je le peux, je continue mes voyages. Je suis par exemple allée skier au Japon, et aux îles Lofoten, en Norvège, au-delà du cercle polaire. Deux expériences assez extraordinaires.
 

Pour finir avec cette partie personnelle, quels sont vos principaux traits de caractère? 


Tout le monde dit que je suis très souriante. Je suis aussi sportive mais pas à outrance. Professionnellement, je suis enthousiaste, j'apprécie la nouveauté, je suis analytique, et j'aime prendre des risques.
 

Comment analysez-vous les principales forces et faiblesses du marché immobilier suisse? 


L'immobilier de rapport reste une valeur refuge, un des derniers actifs peu risqués, à la fois rentable et stable.
 

Donc pas de faiblesse? 


Si on analyse le secteur sous l’angle des critères ESG, cet immobilier de rapport, surtout s'il est ancien, consomme énormément d’énergie, ce qui représente un grand risque. Les nouvelles régulations arrivent, les investisseurs sont plus exigeants, il y aura donc d’importants besoins d'investissement pour se mettre à niveau. Ces rénovations ne peuvent qu'améliorer la situation du secteur, de l'environnement, et le confort des locataires. Mais on est dans l'immobilier, donc cela va coûter cher et prendre du temps, ne serait-ce que pour obtenir les autorisations. Quoi qu’il en soit, le mouvement est lancé et nous sommes là pour accompagner les investisseurs avec nos outils. Car Khephren se présente comme l’outil d’aide à la décision des gestionnaires, grâce à son module de simulation.
 

Finalement, ce qui est toujours la dernière question de cette série de portraits, si vous regardez derrière vous, qu'aimeriez-vous changer?

 
Ce n'est pas que je regrette ma décision, mais je me demande parfois, juste par curiosité, ce qu’aurait été mon destin si j'avais choisi l'architecture et pas HEC. Peut-être, serais-je d’ailleurs arrivée exactement au même endroit qu’aujourd’hui.
 

Olivier Toublan pour Immoday