
Selon un nouvel indice élaboré par Wüest Partner, il n'y a, en Europe, que le Luxembourg, l'Irlande et la Norvège où la pénurie de logement est pire qu'en Suisse. Par contre, la situation est moins tendue chez nos grands voisins, la France et l'Allemagne. Mais attention, là-bas, aux fortes disparités régionales et au nombre important de logements qui ne répondent pas à la demande.
Les équipes de Wüest Partner viennent de publier une analyse de la pénurie de logement en Europe. Elle montre, comme on pouvait s'y attendre, que la Suisse n'est pas vraiment bien lotie. Petit résumé.
Un taux de vacance catastrophique dans plusieurs cantons urbains
On sait que, selon les chiffres publiés il y a quelques mois par l'Office fédéral de la statistique, que le taux de vacance en Suisse se rapproche des 1%, très loin de ce qui est considéré comme le taux d'équilibre du marché (1,5%). Et encore, c'est une moyenne, puisque dans certains cantons urbains, la situation est proche de la catastrophe, avec des taux de vacance aux alentours de 0,5% à Genève ou à Zurich, par exemple.
Des chiffres qui placent la Suisse parmi les pays européens où il est le plus difficile de trouver un logement, selon un nouvel indice calculé par les économistes de Wüest Partner. Sans s'étendre sur les spécificités techniques du calcul de cet indice, passons directement à sa conclusion: la Suisse occupe la 4e plus mauvaise place en Europe, derrière le Luxembourg, l'Irlande et la Norvège.
Le Luxembourg, pire endroit pour trouver un logement en Europe
D'après l'indice de Wüest Partner, le Luxembourg est donc le pays où la pénurie de logement est la plus sévère. À cause de phénomènes connus sous nos latitudes: une économie florissante qui provoque une forte croissance démographique alors que l'offre de logement ne suit pas. Deuxième du classement, l'Irlande, un pays qui souffre d'un sévère manque de logements: 417 pour 1’000 habitants, un stock bien en dessous de la moyenne des pays européens (la Suisse en est à 534). Mais la situation pourrait s'améliorer prochainement, avec de nombreux permis de construire délivrés au cours des trois dernières années, explique Wüest Partner.
La Suisse arrive donc 4e de ce classement, grosso modo, pour les mêmes raisons que le Luxembourg: une économie qui fonctionne bien, qui crée des emplois, et qui entraîne une croissance démographique constante (selon les derniers scénarios publiés par l'Office fédéral de la statistique, la barre des 10 millions d'habitants devrait être franchie dès 2041, avec des augmentations particulièrement notables de la population dans les grandes zones urbaines, justement celles où le taux de vacance est déjà à un niveau catastrophique).
En Suisse, le nombre de permis de construire a chuté de 27% en 5 ans
Malheureusement, même si le nombre de logements pour 1’000 habitants se situe encore dans la moyenne européenne, l'offre de nouveaux biens ne suit pas. Et c'est une litote, puisque, selon les statistiques, le nombre de permis de construire a chuté de 27% sur 5 ans, alors que la demande ne cesse de croître! Ce qui fait de la Suisse, sur ce point également, un des plus mauvais élèves européens (les pires étant la Suède à la Finlande, où le nombre de logements autorisés à la construction a chuté de plus de 50% entre 2018 et 2023).
Avec, comme conséquence pour la Suisse, une forte hausse du prix des logements ces dix dernières années, plus rapide que celle des salaires, rendant, dans notre pays, l'accession à la propriété de plus en plus difficile. Personne ne sera surpris par cette conclusion.
Surtout, la situation ne va pas s'améliorer, puisque, selon Wüest Partner, la pénurie de logement ne devrait pas se résorber rapidement, malgré un regain de l'activité de construction observé depuis 2024.
Seule éclaircie dans ce ciel bien sombre, la hausse des loyers, ces deux dernières années, a été relativement modérée en terres helvétiques (+5,6%), en dessous de la moyenne européenne (environ 11%).
Pour nous loger, allons en France et en Allemagne!
Si l'on veut trouver plus facilement un logement, on peut simplement se tourner vers nos grands voisins, la France et l'Allemagne, qui occupent respectivement les 11e et 14e place du classement de Wüest Partner sur la pénurie de logement en Europe.
Mais attention aux raccourcis statistiques. En effet, si, en France par exemple, environ 8% des logements sont vacants, c'est souvent en raison de leur vétusté ou de leur inadéquation avec la demande (les passoires thermiques, par exemple), estime Wüest Partner.
En outre, ces statistiques sont une moyenne nationale qui masque d'importantes disparités régionales. En effet, dans les grandes villes de ces deux pays, les loyers ont également bondi ces dernières années et le taux de vacance a chuté, se situant désormais nettement en dessous de la moyenne nationale. C'est que, comme dans la plupart des pays européens, malgré des politiques parfois volontaristes de la part des pouvoirs publics, il devient de plus en plus difficile de créer de nouveaux logements bien situés dans les grandes villes.
Rédaction • Immoday.ch
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