«Si on veut s'en sortir, le paquebot Suisse doit changer de cap, et vite»

18/06/2024

Immoday

Rédaction

5 min

Le monde change, de plus en plus rapidement. Mais réagir à ces changements avec les outils traditionnels ne suffit plus. Pour relever les défis qui se présentent, il faut de nouvelles solutions, qui utilisent les nouveaux outils à notre disposition. Telles sont les leçons que l'on a pu tirer des Rencontres La Foncière 2024, qui ont réuni près de deux cents participants, début juin.

 

Bien sûr, la Suisse va bien. Mais comment faire pour que cette prospérité perdure sur le long terme ? C'est la question qui a été débattue aux dernières Rencontres de La Foncière, qui se sont tenues début juin, à Zurich. La réponse ? Nous devons faire preuve de plus de courage, oser emprunter de nouvelles voies, en utilisant les nouveaux outils que la technologie met aujourd'hui à notre disposition.

 

Nous avons traversé sans trop de dégâts cette périodes mouvementée

 

L'organisateur de la manifestation, Michael Loose, CEO d’Investissements Fonciers SA, responsable de La Foncière, s'est d'abord félicité de la manière dont l'immobilier, en Suisse, a traversé la récente «période de vents contraires». Compte tenu de la situation géopolitique, de l'attractivité du pays et de la forte immigration, le taux de vacance est resté bas. Quant à la croissance économique, elle est demeurée stable, entre autres grâce aux décisions de la Banque Nationale, qui a combattu l'inflation avec efficacité. En outre, l'administration fonctionne bien, les citoyens et les citoyennes sont plutôt satisfaits, et les indicateurs économiques, du moins en comparaison internationale, sont de bonne tenue. Dans l'ensemble, donc, pour les entreprises, le cadre politique et économique est positif.
 

Ce qui se constate d'ailleurs quand on examine en détail les résultats de La Foncière. Michael Loose s'est réjoui d'un taux de vacance de 0,61% seulement, proche du minimum technique, et d'un agio qui s'élève à presque 31%. Ce qui montre l'intérêt des investisseurs, confirmé par le succès de la nouvelle augmentation de capital, 100 millions de francs, qui vient d'être bouclée.

 

Ne pas se laisser surprendre

 

Deuxième intervenante de ces rencontres, Valérie Lemaigre, Chief Economist et Head of Investment Office de la Banque Cantonale de Genève, s'est prêtée aux prédictions macroéconomiques. Pour elle, en 2024, l'inflation se stabilisera. Ensuite, à partir de 2025, la productivité des entreprises stimulera la croissance. Mais attention, des surprises ne sont pas exclues. Si l'inflation devrait rester sous contrôle, grâce à la politique monétaire de la Banque nationale, elle demeurera sensible à la pénurie de ressources. Dans ce contexte, le seul moyen pour assurer une croissance durable de l'économie, c'est de miser sur la capacité d'innovation et d'adaptation des entreprises aux changements technologique, démographique et énergétique. Car si les entreprises suisses savent rester compétitives, trouver leur voie dans ces moments de transition, elles ne pourront pas éviter les bouleversements mondiaux qui s'annoncent.
 

Dans ce contexte, le rôle de l'État sera lui aussi important, avec sa politique économique et monétaire, pour gérer au mieux les inégalités qui résulteront de ces bouleversements. En tablant sur le fait que les déficits publics pourront être compensés par des gains de productivité.

 

Se défaire des schémas de pensée anciens, devenus inutiles

 

Mais comment trouver les bonnes solutions, opter pour les bonnes orientations ? Christopher Peterka, entrepreneur et Business Angel a proposé dix recommandations, qui touchent la fiscalité, les centres nationaux d'innovation, l'enseignement de matières comme l'informatique, ou le cadre légal, qui doit rester intelligent et flexible.
 

Avec un avertissement, essentiel: «Réagir aux changements toujours plus rapides avec des schémas de pensée dépassés sera irrémédiablement voué à l'échec. Si nous nous bornons à continuer à ne considérer que nos intérêts particuliers, nous n'avancerons pas. Il nous faut relever collectivement les défis qui nous attendent, en utilisant les nouveaux outils à notre disposition, comme le Machine Learning, et pas uniquement les outils traditionnels qui nous ont servi jusqu'à présent».
 

Dernier intervenant, Angelus Eisinger, directeur de l'Association faîtière de planification «Région Zurich» (RZU), a présenté quelques projets intéressants touchant à l'urbanisme et au paysage. Son constat: l'accès aux grands centres urbains peut se faire désormais depuis n'importe quel endroit de la Suisse, ce qui entraîne de nouveaux développements immobiliers, qu'il va falloir rendre viables et durables pour les habitants.
 

En conclusion de ces rencontres, tout le monde s'est accordé sur le fait que le paquebot Suisse devait changer de cap. Même s'il est plus facile de se reposer sur ses acquis que d'avoir le courage de relever des nouveaux défis.
 

Organisée à l'hôtel Baur au Lac de Zurich le 6 juin dernier, ces rencontres étaient animées par Anita Horner, présidente d’Immoday.ch, qui a magnifiquement su piloter la manifestation, en trois langues, à la plus grande satisfaction des orateurs et du public.

 
Rédaction-Immoday.ch